lunes, 6 de agosto de 2007

Week-end à Pucòn

Il n'y a pas de bus de nuit pour Mendoza en hiver. Je ne verrais donc pas l'Argentine lors de ce voyage. A défaut de goûter aux vins et aux barbecues argentins, j'ai choisi d'aller à Pucon dans la région des lacs, à 900km au Sud de Santiago. Après un voyage en bus de nuit décrit dans un autre post, je posai mes affaires à l'hostel El Refugio. Il avait les meilleurs retours sur www.hostelworld.com et avait l'avantage d'être situé en face du terminal de bus de ma compagnie. Je partis ensuite à la recherche d'activités à faire. Les agences pour faire ce genre d'activités sont nombreuses mais peu étaient ouvertes. Je tombai sur une agence de Français, évidemment recommandée par le GDR (Guide du Routard, pour ceux qui ne sont pas des Français moyens ou qui ne se fient qu'au Guide Bleu; je recommande peu ce torchon bobo, réactualisé tous les cinq ans et donc inexact. Je parle du GDR bien sûr. Je ne recommande pas non plus le Guide bleu. C'est un guide pour ceux qui ne veulent rien voir mais tout savoir.) Dans cette agence, il y avait des jeunes Français en stage; au Chili, il y a beaucoup de stagiaires français exploités par des patrons souvent français. Le filon semble bon. Ils vendent du rêve, ce qui est un peu le cas à Pucon, mais cela reste de l'exploitation au regard des salaires de misère versés aux stagiaires. C'est toujours bizarre de voir un diplômé de Sup de co de province travailler 7 mois chez un loueur de ski pour le prix d'une femme de ménage chilienne. L'exploiteur en chef m'a convaincu d'aller faire du ski sur les pentes du volcan de Villarica, en dépit du fait qu'il n'y avait que trois remontées mécaniques d'ouvertes et que le forfait journée était presque à trente euros. La neige était mauvaise, les pistes courtes et peu nombreuses, le temps exécrable. Je me suis souvenu pourquoi le ski était parfois décevant. En plus un des skis n'avaient pas été réglés, j'avais toutes les raisons d'en vouloir au vendeur et de m'en vouloir. Faire du ski alors qu'il y a de superbes randonnées à faire dans les Parcs nationaux à proximité. En rentrant, je me suis renseigné sur la météo du lendemain. Je voulais savoir si l'ascension du volcan était possible. Toutes les agences me disaient qu'il allait pleuvoir. Mon dimanche allait être pire que mon samedi. Pas d'ascension ni de randonnée sous la pluie. J'étais un peu déprimé et je me disais que j'aurais mieux fait d'aller dans le Nord du Chili. De retour à l'hostel, j'exprimai mon désir d'aller aux thermes, une valeur sûre. En discutant un peu avec les gens de l'hostel, je leur demandais pourquoi les locaux n'allaient pas aux thermes. La réponse évidente fusa : c'est trop cher. Mais ils n'étaient à l'hostel que pour aider un ami, un Allemand de 20 ans qui avait passé son année à faire des petits boulots en Amérique latine. Finalement, c'est tous ensemble que nous nous sommes rendus aux thermes. Les thermes de Los Pozones sont creusés dans la roche et en plein air. Après m'être changé, c'est sciemment que je laissai mes chaussures avec mes autres affaires. Je pensais que ça faisait partie du charme de marcher pieds nus sur les cailloux et les graviers entre deux bassins à 11h du soir. La douleur fait oublier le froid. Les bains étaient très agréables, l'un deux était même trop chaud pour moi. Imaginez donc ! Nous avions partagé le transport avec un Canadien, Sean, qui jouera un rôle plus tard dans mon week-end. Nous sommes rentrés crevés mais affamés. A une heure du matin, je pus enfin apprécier un hamburger plutôt médiocre. Je mis mon réveil à 6h30 en espérant qu'une ascension du volcan serait possible. Malgré toutes mes mésaventures du samedi, il était encore possible de faire pire. Après un réveil très difficile, je pris mes affaires et rejoignis les rues désertes de Pucon. Aucune agence n'était ouverte, du moins dans le coin où j'errais. La conjonction de l'absence de touristes et des mauvaises prévisions n'avaient pas incité les guides à se lever. Je croisai Sean. Nous nous décidâmes à attendre ensemble. A 8h, un peu désespérés, nous fîmes un dernier passage dans l'allée principale pour tomber sur une agence qui ouvrait. Le temps était splendide, le vent était quasi-nul, on ne pouvait rêver mieux. Nous nous joignîmes au groupe.
Une fois équipés, un minibus nous amena au pied du volcan, c'est-à-dire à 1000m d'altitude. Un peu moins de 2000m de dénivelé nous attendait. Très vite, un des deux couples qui nous accompagnait montra des signes de faiblesse. Il était clair que nous n'arriverions pas au bout avec eux. Nous les convainquîmes, à l'altitude de 1400m, d'abandonner pour ne pas mettre le succès du "groupe" en péril. Inutile de dire que ce ne fut pas chose aisée vu le prix payé pour l'ascension et le refus de l'agence de les rembourser. Mais l'argent ne peut pas tout payer, du moins ils auraient du payer plus et prendre un hélico. L'ascension se poursivît sans encombres si ce n'est que Sean et mois montions deux fois plus rapidement que le couple restant. Ces derniers, deux thésards, l'un en économie, l'autre en lettres, l'un argentin, l'autre espagnole, et qui vivent à Paris, ne nous aidaient pas à rattraper le retard pris. Il fallait que nous soyions au sommet au plus tard à 15h30. Mais, contrairement aux règles en vigueur dans le Parc national de Villarica, notre groupe n'était accompagné que par un guide. Nous (Sean et moi) préférâmes rester avec lui. Nous chaussâmes les crampons assez tôt. Et l'ascension reprit son cours. Mais le couple hispano-argentin était trop lent. Ils me dirent qu'ils étaient des intellectuels. Je leur répondis qu'il m'arrivait à moi aussi de faire travailler mon cerveau. A 14h, nous prîmes la décision de poursuivre l'ascension seuls. Nous étions très en retard, il fallait faire vite. Mais j'avais fait une grosse erreur. Je n'avais rien emporté à boire ni à manger. Je n'avais pas non plus petit déjeuner. Il me restait de mon pique-nique de samedi une tranche de saucisson et un petit pain. Je commençai à avoir des crampes. Heureusement, nous croisâmes un guide qui redescendait. Il me donna sa gourde pleine d'eau. Les effets ne furent pas immédiat, loin de là. Mais nous continuâmes. J'étais le boulet que Sean trainait. Mais je ne voulais pas lui coûter le sommet et je continuais tant bien que mal. Nous étions clairement en retard. Mais au moment d'aborder la dernière portion, mes crampes disparurent et je pus gravir allégrement la pente et être irresponsable pour deux en le persuadant de poursuivre jusqu'au sommet malgré notre retard, la glace et les gaz. C'est à seize heures que nous arrivâmes au sommet. Nous n'étions pas fiers, nous ne pensions qu'à prendre quelques photos et à repartir. En l'absence de guide, nous ne nous sommes pas aventurés à faire le tour du cratère et nous n'avons donc pas vu la lave qui, de notre côté, était masquée par la fumée. Et il était temps de redescendre. Complétement crevé, je freinais mon compagnon d'ascension lors de la descente. Mais les paysages étaient splendides et nous l'avions fait. C'est à six heures et demie que nous rejoignîmes le point de départ. Le guide nous y attendait, sans doute soulagé de nous voir sains et saufs même si l'ascension ne présente aucune difficulté. A l'agence, le guide n'avait que ces mots à la bouche "Gringos locos", mais il semblait apprécier l'effort. Nous pûmes apprécier une glace, frustrés que nous étions d'avoir vu toute cette neige pendant la journée et de ne pouvoir la prendre pour se désaltérer. Un chocolat chaud et une petite cerveza conclurent nos aventures communes.
Il me restait à prendre mes affaires à l'auberge et à rentrer. A l'auberge, je rencontrai un Brésilien qui me parla des études en France et de l'accord que son université à Rio avait avec une certaine Ecole Polytechnique ( nous avions discuté de beaucoup d'autres choses avant d'en arriver là). Je lui conseillai cette institution respectable s'il avait la possibilité d'y aller. Je saluai mes autres et je partis.
Une dernière anecdote, le matin à Santiago, je dus attendre le dixième métro pour pouvoir monter. Plus de détails dans une réédition du post.

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